Call of Duty : l’hypocrisie geek
Avec cet article je sens que je ne vais pas me faire que des amis. Et pour cause ! Je m'attaque à un sujet qui fait exploser les forums, la série Call of Duty. Je ne vais pas vous faire une rétrospective de la série, un comparatif des épisodes ou une glorification du shooter, parce que je ne suis pas un fan inconditionnel, donc pas assez connaisseur. Je vais plutôt me faire l'avocat du diable en défendant ce qui semble indéfendable et essayer de vous faire comprendre pourquoi les jeux Call of Duty ne sont pas mauvais.
Pour que ça soit clair, je vais ici m'efforcer de vous expliquer pourquoi il faut arrêter de tout le temps basher cette série qui apporte plus aux joueurs que la plupart ne veut l'admettre.
Aujourd'hui une des plus grosses licences en ce qui concerne le FPS, CoD fait désormais partie de la culture mainstream, pour les non-initiés c'est une des références basiques. Quand on veut parler de jeu vidéo alors qu'on n'y connaît rien, la série est souvent citée. Que ce soit pour dénoncer son "incitation à la violence" ou un phénomène d'addiction, le jeu fait partie des repères de base. Ceci est dû à la notoriété acquise au fil des années et des épisodes. La licence Call of Duty compte en effet 10 jeux depuis son lancement en 2003, ce qui fait un jeu par an. Et là les premiers reproches arrivent...
Fort de son succès, Activision a su trouver le bon filon et ne s'arrête plus de creuser. Avec seulement un an d'écart entre chaque jeu, on est en droit de se demander si une nouvelle sortie est justifiée. En effet, lors de l'annonce d'un nouvel opus, on voit tout de suite arriver les commentaires du style : "Ah mais c'est le même moteur graphique, bouh c'est caca. C'est tout pareil que dans l'autre !" Et là je dois m'incliner, il est vrai qu'en seulement 12 mois, il est difficile, voire impossible, d'apporter de véritables innovations pouvant légitimer une dépense de 70€.
C'est ainsi que commence mon plaidoyer !
Juger la qualité d'un jeu sur le plan marketing de sa maison d'édition, c'est débile. Je vous vise, vous tous qui vous pensez trop bien pour jouer à un jeu dont la nouvelle mouture sort tous les ans avant Noël pour faire du pognon. L'un des arguments qui ressort le plus c'est bien celui-ci, Activision sort des jeux à une fréquence élevée donc ils sont mauvais. Non ! L'éditeur a juste compris le système, si le public apprécie un produit, on le lui donne, l'offre et la demande pour les nuls. Alors oui on peut leur reprocher de rester dans le même moule, de ne pas tenter de nouvelles choses comme le fait la scène indé, mais c'est pour ça qu'elle est là, alors laissons la faire.
Deuxième argument, le manque d'innovations ne traduit pas un manque de qualité. Si pour vous la médiocrité de Modern Warfare 3 par rapport à Modern Warfare 2 se base sur le fait que le jeu ne change jamais son gameplay et reste le même, vous n'avez aucune notion de qualité. On a encensé Super Meat Boy à sa sortie, mais bordel son gameplay se limite à courir, accélérer et sauter. Ce qui est sensiblement la même chose que Super Mario Bros sorti il y a presque 30 ans. Je pense qu'au niveau manque d'innovations ça se pose là. Et pourtant le jeu du petit pain de viande est excellent, mais il a utilisé un gameplay déjà vu et revu pour en faire quelque chose de nouveau mais il n'a absolument rien inventé, tout comme les jeux de la série de FPS se ressemblent tous. Donc sous prétexte qu'un nouveau Call of Duty coûte 70€ on râle, mais parce que Super Meat Boy n'en coûte que quatorze on laisse couler. C'est de la pure hypocrisie.
Mais pourquoi tant d'hypocrisie ?
Si la plupart des gens crachent sur cette série qualifiée de commerciale, c'est en grosse partie à cause de sa communauté. Ce n'est donc pas du fait des développeurs qui ne choisissent pas qui va acheter leur jeu. Tout le monde le sait, les joueurs de Call of Duty sont sûrement les pires qui soient : flot d'insultes, manque flagrant de fair-play, gaminerie totale...Car si la plupart des jeux CoD sont classifiés 16+ par le PEGI, les parties sont elles peuplées de gamins souvent loin de cet âge recommandé. Un autre parallèle va venir illustrer mon propos, League of Legends. MOBA free-to-play très populaire, aux qualités indéniables, il n'en reste pas moins entaché par sa communauté constituée de rageux ou autres trolls qui viendront pourrir une sympathique partie. Cela n'en fait pourtant pas un mauvais jeu sur lequel tout le monde tape dès qu'on ne sait plus de quoi se moquer.
La conséquence de ces joueurs au comportement critiquable, c'est qu'on ne veut pas y être assimilé. Qui veut être mis dans le même panier qu'une bande de gamins pré-pubères passant leur temps à vous insulter si vous êtes meilleurs ou à vous humilier si vous n'avez pas le niveau ? Personne, c'est évident ! Et pourtant c'est du snobisme, puisque les joueurs de CoD sont jugés immatures, le jeu est jugé indigne d'être joué, il n'est bon que pour les simples d'esprits et les bourrins. Or c'est complètement faux, ce n'est pas parce qu'on joue à Journey, Braid et Antichamber qu'une session de FPS bien bourrin doit devenir un plaisir coupable. Déjà parce que c'est être aussi borné que ceux qu'on critique et que les laisser entre eux n'améliorera sûrement pas la qualité des échanges et ensuite parce que c'est un bon jeu.
Des qualités où l'on ne voit que des défauts
La force des FPS actuels tels que CoD, Battlfield ou encore Crysis, ce n'est pas le scénario de leur mode solo, mais bien leur mode multi qui offre des batailles à l'arme à feu où chacun peut exposer tout son skill. Que ce soit en multi compétitif ou en coop contre des zombies, jouer avec les autres c'est cool. Et le must là-dedans, c'est l'écran splitté. Que celui qui n'a jamais joué à 4 sur un seul écran me jette la première pierre (et soit triste car il loupe des moments de jeu exceptionnels) ! Le jeu ayant marqué le début de cette ère est Goldeneye sur N64 en 1997, et cette manière de jouer reste pour moi la meilleure de montrer à ses potes qui est le boss. Et dans une époque où une connexion internet est plus répandue qu'un mutli en écran splitté, Call of Duty est pour moi l'occasion parfaite de se marrer, c'est simple à prendre en main, tout le monde connaît et ça détruit les amitiés ça défoule. Le mode splitté se fait de plus en plus rare de nos jours et c'est sa présence sur CoD qui me fait apprécier ces jeux. Je ne veux pas avoir l'air d'un vieux con, je n'en suis pas un, j'ai commencé les jeux vidéos avec la GameCube, et je peux vous dire que j'ai passé un paquet d'heures sur Medal of Honor à scruter un coin de ma télé.
Revenons rapidement aux qualités intrinsèques du jeu. C'est un FPS réaliste dans sa réalisation, avec une campagne solo à grand spectacle et un gameplay accessible mais pouvant être affiné grâce à la personnalisation des armes en multi. Cela en fait un jeu commercial, à destination du grand public. Mais cela n'en fait pas un mauvais jeu, loin de là. Il reste dans les sentiers battus, ne tente pas grand-chose, c'est vrai. Mais l'innovation n'est pas forcément synonyme de réussite. On félicite souvent les jeux indépendants pour ce qu'ils amènent de nouveau, mais il faut se dire que tous ne réussissent pas, ils ne sont qu'une poignée à créer quelque chose de neuf qui apportera gloire et célébrité à leur créateur.
Pour terminer, Call of Duty est victime de son succès. Attirant un public peu flatteur, la série a du mal à se dépêtrer de son image de jeu pour gamins en manque d'action. Mais ce qu'il faut bien se dire c'est que ce ne sont pas toujours ces ados qui y ont joué, et si la licence a su attirer un public qui lui a permis de prospérer, c'est grâce à de vraies qualités de jeu. Donc si vous avez un minimum de bon sens, vous ferez abstraction des remarques snobs et des insultes ridicules pour profiter d'un FPS bourrin sans avoir honte.