Fuck the Polisse !
26 juin 2013, minuit trente, je parcours les films que j'ai en stock dans l'espoir de voir une perle oubliée dans cet océan de réalisations. Une demi-heure plus tard, après avoir essuyé les refus de Bronson et de Télé Gaucho, je suis au plus bas, ne sachant que faire de ma nuit. Et là, après maintes recherches, je tombais sur Polisse. Sans trop savoir pourquoi, je me lance dans le visionnage de ce film multi-récompensé, notamment avec l'obtention de 3 Césars en 2012 et du prix du jury au Festival de Cannes en 2011, ce qui me rassure un peu avant de le regarder. Dès le début, on voit une petite fille raconter que son père l'attouche. C'est bon, je peux dire que j'ai bien fait de regarder ce film. Blague à part, à la fin du film, j'étais content de voir que le cinéma français ne produit pas que des Turf ou des Bienvenue Chez les Ch'tis. Ce film est une réussite pour moi, et le film tient en haleine du début à la fin.
Dans Polisse, on suit le quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) de Paris, ainsi que la vie privée des policiers la constituant. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est criant de vérité. On y voit la partie immergée de l'iceberg, en quelque sorte. Une frange certes marginale mais bien présente de cette société qui maltraite, viole ou exploite ses enfants. Pas une vie idéale, pas une vie sinistre, juste la vraie vie, voilà ce que retranscrit ce film. Il peut alterner les moments de franche camaraderie, les moments d'engueulade, d'amour, de désespoir, de beuverie, entre autres, avec une rare crédibilité. En fait, Polisse est plus un documentaire qui veut se faire passer pour un film, mais il a réussi à être crédible dans les deux domaines. La façon dont il est tourné, la vision de la vie privée des policiers, les engueulades et les frictions entre les différents membres de la BPM sont là pour ne pas oublier que ceci ne reste qu'une fiction, même si toutes les affaires sont tirées de la réalité. Maiwenn a réussi a trouver l'alliage parfait entre vie privée et boulot, pour ne pas tomber dans le voyeurisme, mais pour ne pas rendre le film chiant non plus.
Mais le film tient aussi debout grâce à la qualité de la distribution. Les acteurs ont réellement crevé l'écran, alors qu'il n'y a pas d'énormes pointures du cinéma français. Joey Starr est l'acteur qui a le plus surpris. Le rappeur se découvre lors de ce film un talent pour la comédie, il était aussi bon dans l'expression de ses sentiments que dans la pudeur, et son idylle dans le film avec Maiwenn donne un côté sensible à Joey. Car oui, Maiwenn la réalisatrice est aussi actrice. Et son rôle est tout en retenue, ses premières paroles doivent arriver facilement après la première demi-heure du film. Elle joue en essayant de ne pas éclipser ses comparses mais fait tout de même une très bonne prestation. Si les deux amoureux ont fait une bonne prestation, le reste du casting n'a pas à rougir. Le duo Karine Viard/Marina Fois, tantôt complices, tantôt ennemies, fait une très grande prestation. Karole Rocher et Nicolas Duvauchelle sont parfaits dans le rôle des amoureux dont l'union est impossible. J'en oublie pas mal, il y a bien une dizaine d'autres surprises dans ce film. Maiwenn a réussi à mettre un gros casting en nombre tout en ne perdant rien au niveau qualitatif.
Si ce film a été nominé dans plusieurs catégories dans les plus grands prix, ce n'est pas dû au hasard. Polisse a su rester pudique tout en montrant la réalité du quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs. Même si le travail en lui-même reste très morose, Polisse est loin d'être un film noir, sans amusement, et il allie ces moments où l'on voit des familles en détresse totale et les moments de bonheur, d'amour, de fou-rire, etc. Bref, je me suis régalé devant ce film, et je vous le conseille fortement. Même si tu viens du 9-3 et que tu détestes la police.