Only-God-Forgives-entête

Tout d’abord, je tiens à dire que cette critique est écrite trois jours après le visionnage du film. Et je pense que c’est mieux pour tous, sinon j’aurais dézingué le film. Et pas qu’un peu. A la sortie de la salle, j’avais envie d'insulter la vendeuse qui m’a filé un ticket pour ce film. Pour tout vous dire, j’ai adoré Drive, et je venais donc au cinéma avec énormément d’attente. Il semble évident que je suis sorti avec une déception à la hauteur de mes espérances.

 

Je vais quand même vous raconter en quelques mots l’histoire du film. Julian, expatrié à Bangkok pour fuir la justice américaine, dirige un club de boxe thaï, qui sert en réalité à couvrir son affaire de trafic de drogue. Sa mère vient lui rendre visite only-god-forgives-1pour rapatrier le corps de son autre fils, Billy, assassiné après avoir tué une jeune prostituée. Voulant venger la mort de son fils, elle demande à Julian la tête des assassins de son frère. Et il va avoir sur son chemin Chang, un policier à la retraite et adulé par les autres flics.

 

Commençons tout d’abord par le problème principal du film : il est mou. Attention, je ne parle pas d’un film où ça bouge un peu, non. Je vous parle d’un film qui ferait passer un Nancy-Bordeaux à Marcel-Picot en plein mois de décembre pour un match spectaculaire. C’est simple, il ne se passe rien les dix premières minutes. La première « action » est l’assassinat de Billy, et encore, on ne voit que l’ombre de l’assassin assénant ses coups meurtriers sur le frère de Julian. Et malheureusement, ce manque d’action nous laisse dans l’expectative tout le long du film, et dès qu’il y a une bribe d’action, on se dit « c’est bon, le film va partir ! ». Mais malheureusement, il ne part jamais… Pour illustrer l’extrême lenteur du film, on peut montrer les scènes d’actions, comme les bagarres ou les fusillades, qui sont mises au ralenti. Alors oui, c’est bien quand tu veux ralentir le film, mais quand le film est déjà sous Xanax, ça te donne juste envie de sortir de la salle et d’aller fusiller toutes les personnes dans le cinéma. Bien sûr, Winding Refn est un adepte des longs silences et des films lents, mais là il y a TROP de silences, TROP de lenteur. Il y a trop de tout, à part d’action.

 

Le deuxième grand défaut d'Only God Forgives est le n’importe quoi ambiant tout le long du film. Beaucoup d’images, de sous-entendu, mais au final, on comprend rien au film. La fin est juste un foutage de gueule. Plein de scènes en même temps, des faux-raccords (certes volontaires) qui nous perdent encore plus dans la quête du vrai et du faux. Les scènes où Ryan Gosling est dans son club, avec sa copine/prostituée sont tout bonnement incompréhensibles. Des sortes d’hallucinations font que la scène n’a aucun sens, et nous conforte dans cette idée de what-the-fuckisme présente constamment dans le film. Personnellement, je pense que c’est un film à voir plusieurs fois pour commencer à le comprendre, comme Matrix par exemple.

 

Tout cela a fait qu’à la fin du film, j’avais une sensation d’amertume profonde, et que j’avais envie de brûler toute la filmographie de Nicolas Winding Refn. Mais comme je vous l’ai dit précédemment, j’ai eu le temps de réfléchir et de chercher les points forts de ce film. Et malgré ma déception, force est de constater que ce film est loin d’être un navet sans goût.

 

Tout d’abord, ce film est beau au niveau visuel. J’irai même plus loin en disant qu’il est magnifique. Les plans et les jeux de movies-only-god-forgives-still-8lumières sont à couper le souffle. Le directeur photo est vraiment doué, on ne peut pas le nier. Les scènes avec Ryan Gosling dans
son club sont sublimes, avec cet univers angoissant, très noir et malsain. Autre point fort au niveau artistique, et c’est le véritable point fort du réalisateur danois dans chacun de ses films, c’est la musique. Mon Dieu que cet homme sait choisir ses musiques de films ! Drive est pour moi le summum dans la qualité de la BO, qui me fait frissonner même après le 25412355852ème visionage. Dans Only God Forgives, Winding Refn a décidé de réitérer sa confiance en Cliff Martinez, qui avait déjà fait Drive pour le danois.
Rien à redire, la musique transcrit parfaitement l’ambiance du film, et elle donne une vraie plus-value au film.

 

Donc au niveau artistique, rien à redire, Nicolas Winding Refn est très bon dans tous ses films, et en particulier dans OGF. Mais l-acteur-vithaya-pansringarm-incarne-le-policierce n’est pas le seul point fort du film. Le jeu d’acteur est aussi très bon. Ryan Gosling et comme d’habitude énigmatique, avare de paroles, et c’est là qu’il est le meilleur. Il sait faire cela, et d’ailleurs, Winding Refn en a fait sa muse, en basant beaucoup de ses films autour d’un Ryan Gosling mystérieux et plus dans le geste que dans la parole. La mère de Julian, interprété par Kristin Scott Thomas, est diablement bonne dans son rôle de mère criminelle, voulant à tout prix venger la mort de son fils favori, même si sa mort n’était pas imméritée. La relation entre elle et Julian est d’ailleurs entre une relation d’amour mère/fils à sens unique et une relation incestueuse, avec un complexe d’Œdipe qui d’ailleurs explique bon nombre d’actions dans le film. Et que dire de Chang, interprété par Vithaya Pansringarm (Je t’aime Ctrl+c  Ctrl+v)… Si le film a comme acteur principal Ryan Gosling, Pansringarm lui vole largement la vedette avec son charisme et sa présence juste exceptionnelle. Il porte le film vers le haut, et la connexion complexe entre son personnage et Julian est assez fascinante.

 

Si je voulais résumer ce film, je dirai que c’est un film élitiste. En effet, pour comprendre le film dans son intégralité, il faut avoir une culture assez développée, et repérer les clins d’œil ou images qu’utilisent Winding Refn. Mais la lenteur du film gâche un peu ce beau tableau, car si le réalisateur danois est un adepte de cette lenteur (et cela lui a réussi avec Drive), l’abus de cette technique rend le film chiant à mourir et ne permet pas au spectateur de profiter du reste. Alors si dans l’ensemble Only God Forgives m’a globalement déçu, je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une merde, il doit être vu plus d’une fois pour vraiment en comprendre la profondeur. Et attention à autre chose : Only God Forgives n’est PAS un Drive 2 ! Si vous y allez avec l’envie de voir une copie de Drive, vous allez être forcément déçu.

 

PS : Toi qui déteste Ryan Gosling, je te conseille d’aller voir ce film, et de prendre un paquet de pop-corn de 500g. C’est simple, il se fait pourrir tout le long du film. Tu vas apprécier, sale pervers.

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