To the Moon Entête

Dans la scène indépendante, des jeux comme Minecraft ou Super Meat Boy monopolisent la visibilité de cette branche à part dans le monde du jeu vidéo. Elle a moins de moyens, et donc moins de qualités graphiques et bien évidemment de visibilité, mais elle peut se permettre beaucoup plus de folies et de liberté en terme d’imagination et de scénario. Certains jeux indés, qui sont d’ailleurs le plus souvent à faible coût, peuvent être supérieur qualitativement à certains jeux conçus pas des boites comme Ubisoft ou EA. To The Moon fait partie de ces jeux qui sont très peu connus mais qui sont d’une grande qualité, et qui, pour moi, font partie des jeux indés qui ont le meilleur rapport qualité/prix. Bref, passons à la description.

 

 

To The Moon est un jeu de type RPG-aventure sorti le 1er novembre 2011, il a été développé et édité par Freebird Games, une boite canadienne. Dans ce jeu, on y incarne simultanément le Dr. Eva Rosalene et le Dr. Neil Watts, des docteurs qui ont le pouvoir de voyager dans le passé d’une personne mourante, pour exhausser son dernier souhait. Ici, le sujet mourant se prénomme Johnny Wyles, et il a contacté la Sigmund Corp., l’entreprise qui fournit ce service, car son dernier souhait est d’aller sur la Lune, néanmoins il ne sait pas pourquoi. Pour y parvenir, les docteurs doivent fouiller dans les souvenirs de Johnny pour le pousser à To The Moon Johnnyaccomplir son rêve. Mais on ne peut remonter le temps qu’en trouvant un memento, qui sont des objets communs aux deux parties de la vie qui sont visitées.

 

 

Tout d’abord, parlons du gameplay, enfin s’il est possible d’en parler. Le gameplay est pratiquement inexistant, on se contente seulement de se déplacer et parfois d’interagir avec son environnement. Pendant tout le jeu, on se contente de rechercher cinq boules de couleur différente, pour les envoyer sur le memento, ce qui permet de tomber sur une énigme très facile, qui se résout en deux temps trois mouvements. Il n’y a que quelques fois où le gameplay change, mais ces moments se comptent sur les doigts d’une main. Et si le gameplay est limité, la durée de vie du jeu l’est tout autant. Si vous prenez votre temps, vous pouvez espérer atteindre les six heures de jeu. C’est assez peu comparé à certains jeux indés, mais c’est relativement dans la moyenne.

 

 

To The Moon n’est donc pas un jeu vidéo basique. To The Moon est plus un compte interactif qu’un jeu vidéo. Il n’est pas vraiment difficile, les énigmes sont simples, le gameplay est limité, et clairement, les développeurs n’ont pas fait des graphismes un élément principal du jeu. Mais attention, penser que ce jeu est sans intérêt serait une grosse erreur. To The Moon est totalement novateur, et c’est dans ce sens-là qu’il vaut largement le coup. Tout d’abord, il a une bande son qui est magnifique. Elle colle parfaitement à l’ambiance en toute circonstance, qu’elle soit légère ou pesante. La musique principale du jeu, qui se prénomme « To The Moon fuséeTo The Moon » (comme une évidence) est tout simplement bouleversante. Et pourtant, elle ne contient que trois ou quatre accords de piano dans toute la musique, mais son histoire la rend d’autant plus émouvante. Les dialogues sont aussi superbes, entre un Neil plutôt marrant voire pathétique des fois et une Eva un peu plus sérieuse et rabat-joie, la complicité entre les deux personnages est parfaite, et permet au joueur de vraiment être immergé dans l’histoire et plus largement dans le jeu.

 

 

Mais attention, enfermer Neil dans un rôle de clown et Eva dans un rôle de collègue autoritaire serait réducteur, la palette d’émotion que peut dégager les deux coéquipiers est immense, et on touche la vraie plus-value de ce jeu : il nous donne énormément d’émotions. Si je devais choisir le meilleur jeu auquel j’ai joué pour la qualité des émotions retransmises, je prendrais sans hésiter To The Moon. Il allie parfaitement l’humour, la tristesse, la mélancolie, le pathétique, etc. C’est vraiment le seul jeu qui a pu me donner un fou-rire et qui a pu m’émouvoir aux larmes dans la scène sui suivait. Le postulat du début, qui met en scène un homme mourant, rend la tristesse plus vraie que nature, et les nombreuses querelles entre Neil et Eva rendent le ton plus léger et respirable. Si je devais comparer ce que m’a fait To The Moon au niveau émotionnel, je dirais que c’est semblable à un manège à To The Moon fusée 2sensations : il te fait monter, descendre, tourner, mais tu as toujours cette petite boule dans le ventre, cette adrénaline qui te stimule du début à la fin. L’ascenseur émotionnel de To The Moon est très intense, mais il est continu, et il ne peut pas nous laisser indifférent.

 

 

Pour les fans de jeux vidéo de grosses boites, To The Moon risque de ne pas vous plaire. En effet, il est loin d’être dans les standards des jeux vidéo Triple A. Il n’en a pas la prétention, bien au contraire. Il donne une autre version de ce qu’est le jeu vidéo, et transporte même les plus réticents. C’est un jeu qui n’est pas dur, il ne sollicite pas à grande échelle le joueur, il ne permet pas au joueur de se défier face à une IA, mais il vaut vraiment le coup. Cette poésie vidéo-ludique te permet simplement de t’évader, d’aller dans des contrées lointaines, tout en restant assez proche de la réalité fade et morbide. Même si l’on reste un peu sur notre faim, dû au fait que le jeu est très court, on ne ressort pas indemne d’une telle expérience. To The Moon est très peu connu, je dirais même trop peu, mais en tout cas, il mérite à être plus amplement connu. Freebird Games a en plus annoncé une suite à ce jeu, qui s’appellera A Bird Story. En espérant qu’on y retrouve toute la magie et l’émotion qui fait de To The Moon un jeu totalement à part.

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