Wonder-Woman-Entete

En ce sale jour de novembre, Warner Bros a dévoilé le dernier trailer pour son film Wonder Woman, histoire de nous consoler après la fin des vacances.

Alors on découvre plein de nouvelles images, plein de costumes pour la belle Diana, et on en apprend un peu plus sur le schéma de l'histoire qui s'annonce relativement classique : une bonne vieille origin story où on établit les thèmes et valeurs du personnage, avec tout de même l'originalité d'avoir pour contexte la Première Guerre Mondiale. Le personnage étant apparu pour aller combattre le fascisme des nazis, un peu comme le faisait le porte-étendard Captain America, on ne peut qu'apprécier l'effort, plutôt que de simplement nous raconter comment elle est devenue pote avec Batman et Superman (même Dawn of Justice l'a pas fait, et pourtant c'était bien naze).

Néanmoins un truc me chiffonne dans tout ça. La dynamique entre Steve Trevor, interprété par Chris Pine (la dernière trilogie Star Trek), et l'Amazone semble intéressante puisque les rôles sont inversés : plus de damoiselle en détresse empotée sauvée par un prince en armure scintillante/au brushing parfait/aux yeux revolvers mais plutôt un soldat avec une belle gueule protégé par une femme forte. En même temps, avoir l'inverse en 2016 dans un film Wonder Woman aurait été assez impensable. Mais du coup l'inversion des rôles devient moins forte, dans le sens où elle est attendue, prévisible et ancrée dans le personnage. Mais alors qu'est-ce qui ne va pas ? Malgré sa qualité de damoiseau en détresse, Chris Pine reste quand même un love interest pour l'Amazone, nous proposant encore une fois une romance entre personnage protecteur et personnage protégé. Ce que je trouve problématique n'est cependant pas l'apparition d'une ficelle narrative dont on a abusé mais plutôt la forme qu'elle prend. Wonder Woman est, et a toujours été, un symbole fort de justice et d'égalité. Dans les comics elle est ambassadrice de la paix et elle a récemment été nommée membre honoraire des Nations Unies. Tout dans son caractère en fait une figure d'acceptation de l'autre, d'indépendance et de courage face à l'adversité, raisons pour lesquelles elle est rapidement devenue un emblème de la cause queer. Et pour tous ceux qui sont déjà en train de râler : "Oh mais c'est bon c'est pas la peine de foutre des personnages gays partout !", je vous réponds : "Déjà si". Pour des raisons trop longues à développer ici, avoir des personnages qui différent de la norme hétérosexuelle est nécessaire afin d'avoir une bonne image de soi-même, de ne pas se dire qu'on est anormal ou différent des autres, et pour se dire qu'on a le droit d'exister malgré la peur irrationnelle de ceux qui lisent aveuglément un bouquin vieux de deux mille ans. Et même si on n'adhère pas à ce genre d'idées, ça fait partie du personnage en ce qui concerne ses origines. Tout comme Hercule chez Marvel, Wonder Woman et tout son univers sont inspirés de la mythologie grecque. Et la mythologie grecque c'est plein d'homosexualité. Récemment, le scénariste de la série Wonder Woman a même déclaré qu'il considérait la bisexualité comme faisant partie du personnage depuis sa création. Et coup de grâce, Gal Gadot a précisé dans une interview qu'elle aimerait explorer l'aspect queer de son alter-ego avec Halle Berry dans la suite des aventures de l'Amazone.

Pour plein de raisons Wonder Woman aurait pu avoir autre chose que Chris Pine qui, même s'il est un acteur plutôt sympa (?), reste un énième mec blanc. Alors tout ce que je demande au film Wonder Woman, au milieu de toutes ses scènes de violence glorifiée, de ses ralentis badass et de ses clichés qu'on trouve quand même stylés, c'est d'avoir une Amazone qui dise non, juste parce qu'elle préfère les filles, ou à la limite parce qu'elle a pas envie en ce moment, la guerre c'est un peu tristounet et ça la branche moyen.

(en vrai le top ça serait une Wonder Woman bi qui balance un petit "déso j'ai ma meuf qui m'attend...et puis je préfère les grands bruns")